C’est reparti pour le vélo! Direction la Carretera Austral au Chili, mais avant cela je dois traverser la frontière…. Le temps en Patagonie ne reste pas clément bien longtemps. Je dois rejoindre le Lago del Desierto à 37 km d’El Chalten. Je commence la journée sous un vent de face très important. Durant les 15 premiers kilomètres, j’hésite régulièrement à faire demi-tour tellement ça souffle fort. J’atteins finalement le lac après prés de 6h (pauses comprises). Je serais rejoint par un couple d’allemands à vélo également. A l’embarcadère, nous croisons une dizaine de cyclistes qui viennent tous juste de finir la Carretera dans l’autre sens. Après une traversée bien agitée, on campe sur les bords du lac à quelques mètres du poste frontière argentin.
La traversée vers le poste-frontière chilien est assez éprouvante. J’attaque 6 kilomètres de montées où je dois pousser, en particulier les 2 premiers assez pentus qui m’obligent régulièrement à décrocher la remorque et faire des aller retour ! De plus, le chemin pas entretenu ne me laisse pas toujours assez de place pour me tenir à côté du vélo, il se creuse pour former par endroits un fossé .
Ensuite, je parcours 5 kilomètres au dessus d’un lac toujours en poussant, car le chemin reste étroit et peu praticable. Enfin j’arrive à la frontière séparant le Chili et l’Argentine. Il me reste une dizaine de kilomètres à parcourir sur une piste forestière caillouteuse pour rejoindre le poste-frontière chilien. Après 8h de rando pour une vingtaine de kilomètres, j’arrive au bord du lac O’Higgins pour un bivouac et attendre le bateau de demain.
Le bateau était annoncé à 17h30, on nous dit que ce ne sera qu’à 19h30 et finalement les lumières du bateau ne viendront seulement qu’après 22h30. L’attente se fera dans une bonne ambiance en compagnie de deux Chiliens, d’un couple de Français à pied, des allemands, d’un couple d’Argentins, d’un anglais et un français à vélo. Après 2h30 de traversée je campe avec Cyrille (le français) au port. Nous parcourrons ensemble la Carretera Austral.
Le lendemain départ depuis la fin de la Carretera pour 1250km…
Après 8km, nous faisons une pause à Villa O’higgins pour compléter les réserves alimentaires, car nous ne trouverons pas de nourriture durant les 3 prochains jours.
Pour la première nuit, nous visons un « refugio » indiqué par plusieurs cyclistes et qui se trouve :
« à 50km de Villa O’higgins il est sur la droite indiqué par un bâton et sur la gauche par un cairn à la fin d’une longue ligne droite »
C’est donc sans trop de difficulté que nous y arrivons. Le feu brule déjà dans la cheminée, allumé par une cycliste québécoise venant du nord et roulant depuis deux ans en partant du Canada.
Comme prévu, les paysages sont magnifiques, une alternance de lacs, de sommets enneigés d’où descendent de nombreux glaciers. Nous repartons le lendemain après des échanges sur les itinéraires possibles après la Carretera et sur des conseils techniques pour l’entretien du vélo: « Tant que c’est pas cassé, tu touches pas! »
Nous remontons sur nos vélos en direction de Rio Bravo pour prendre la barque du soir. La salle d’attente de l’autre côté du lac nous fera office d’abri pour la nuit avec un Argentin et un Américain descendant en direction de Ushuaïa. La route commence à être un peu plus vallonnée et certaines côtes sont courtes, mais raides. Pour le moment, la piste accroche relativement bien.
Le lendemain, on attaque dur par 8 km alternants montées et descentes à forte inclinaison. La piste devient moins bonne avec de nombreux graviers entrainant des dérapages. Dans une descente je fais ma première vraie chute… mon pneu avant dérape sur du gravier et je me retrouve en moins d’une seconde à faire un petit roulé-boulé sur la piste. Pas de mal, mais une petite douleur au thorax suite au choc qui me suivra quelques jours.
La prochaine ville de ravitaillement, Tortel est un petit village de pêcheur de bout du monde. Sa particularité est qu’il n’y a aucune route dans le village, on se déplace sur des passerelles et des escalier en bois (pas vraiment adaptés pour une vie en fauteuil roulant). Mais l’ensemble donne un charme à cette ville plutôt paisible. La nuit se fera sous un abri de bois à côté de l’aérodrome.
Nous continuons la route. En fonction de la forme du jour, de la qualité de la piste et des possibilités de bivouac, nous effectuons entre 30 et 65 km par jour pour rejoindre Cochrane puis Villa Castillo.
La piste est de qualité très variable m’obligeant à une grande concentration pour ne pas perdre l’équilibre. Mais les paysages compensent largement l’effort nécessaire pour avancer sur cette route d’autant plus que le climat est assez clément. La pluie nous reste dans le dos en nous envoyant par moment quelques gouttes et même un peu de neige, mais ne nécessitant pas de sortir les vêtements de pluie.
À Villa Castillo, nous nous offrons une journée de pause bien méritée dans un camping avec vue sur le Cerro Castillo et une douche plus ou moins chaude.
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